Nous souhaitons rendre un hommage chaleureux et fraternel à leur courage et à leur détermination face à cet Etat chilien qui les persécute depuis 130 ans et les emprisonne arbitrairement, au mépris de leurs droits les plus fondamentaux en tant que personnes, en tant que Mapuche, en tant que Peuple Nation souveraine et autonome, en tant qu'héritiers légitimes d'un territoire ancestral dont ils ont été spoliés, qui a été livré en toute impunité aux appétits féroces et dévastateurs des entreprises forestières et minières et dont ils demandent la restitution.
Nous nous réunirons donc, une fois encore à Paris, ce DIMANCHE 28 octobre 2012, de 18h à 20h, devant la Fontaine St Michel, et nous espérons accueillir quelques musiciens Mapuche pour qu'au son de cette musique qui a traversé des siècles de colonisation hispano-chilienne, nous puissions célébrer l'issue de la grève de la faim des prisonniers politiques Mapuche incarcérés à Angol, ainsi que celle des prisonniers politiques Mapuche de la prison de Temuko, tous prêts, il y a seulement quelques jours, à donner leur vie pour être entendus.
Aujourd'hui, les 5 prisonniers de Temuko ont obtenu leur transfert à Angol -ce qu'ils réclamaient pour se rapprocher de leurs familles- après un jeûne de 23 jours, dont les 5 derniers furent aussi une grêve totale de la soif.. Cependant, toutes leurs revendications n'ont pas abouti, loin de là. De la même façon, les 4 d'Angol n'ont obtenu pour le moment qu'une victoire partielle. En effet, trois d'entre eux restent emprisonnés: Daniel Levinao sera rejugé après l'annulation de sa condamnation, quant à Eric Montoya et Rodrigo Montoya, ils sont en attente de leur procès et risquent jusqu'à 22 ans de prison.
Mais quoi qu'il se passe dans un avenir proche, la décision de la Cour Suprême n'en est pas moins un camouflet magistral pour l'Etat chilien et pour le Procureur Chamorro dont la responsabilité est sérieusement engagée dans les montages politico-judiciaires et les condamnations sans preuves de jeunes Mapuche, condamnations aujourd'hui mises à mal par la décision de la Cour Suprême, la plus haute instance de Justice au Chili.
Rien n'est donc encore vraiment gagné et cette victoire partielle ne constitue qu'une étape pour ce peuple courageux, en résistance depuis si longtemps. Car la répression continue de frapper les communautés, qui sont en permanence espionnées, discriminées, violemment réprimées par les forces spéciales de police qui quadrillent la campagne environnante et peuvent lancer à tout moment des raids sauvages, visant indifféremment les anciens, les femmes, les enfants...Cette torture au quotidien, ces humiliations, ce terrorisme institutionnel par la militarisation de toute une région, nous ne les acceptons pas. Aussi, nous continuerons de les dénoncer haut et fort, tant que le Peuple Mapuche n'aura pas retrouvé le plein exercice de ses droits, conformément à la Convention 169 de l'OIT, dans le respect de sa langue, de sa culture et son identité en tant que nation souveraine, et récupéré l'ensemble de son territoire où il vivait jadis, avant l'invasion espagnole, et où reposent ses ancêtres.
Dimanche 28 octobre, soyons le plus nombreux possible pour fêter la libération du jeune Weichafe, Paulino Levipan Coyán, et la fin de cette épreuve très dure que représente une longue grève de la faim en prison. Mais restons aussi attentifs et mobilisés pour la suite, pour dire à Piñera et à son gouvernement, que nous ne les laisserons pas continuer à exercer leur répression aveugle à l'encontre du Peuple Mapuche, à tirer sur les enfants et à condamner, au titre d'une Loi antiterroriste héritée de la dictature militaire, des femmes et des hommes qui refusent à juste titre de voir piller et violer leurs terres par les entreprises multinationales. Tout au long de cette grève de la faim, l'opinion internationale, en Europe notamment, s'est mobilisée, et nous savons que cette détermination à combattre l'injustice et le racisme de l'Etat chilien ne faiblira pas.
Pu peñis, pu lamngen, vous pouvez compter sur notre infatigable soutien et sur notre solidarité inconditionnelle, au-delà des mers et au-delà des mots. MARICHIWEU!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
Paris, le 26 octobre 2012
Collectif de Soutien au Peuple Mapuche- Commission Ethique Contre la Torture (CECT-France) -Terre et Liberté Pour Arauco- Front de Gauche Latino- Fédération des Associations Chiliennes en France