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jeudi 11 mars 2010

Chili: la gestion du séisme saluée par les experts

Michelle Bachelet quitte la présidence chilienne avec une popularité au sommet malgré les critiques sur la gestion du séisme du 27 février, perçue par de nombreux Chiliens comme lente et inefficace. Les experts estiment pourtant que la réaction des autorités à la catastrophe a été excellente.
Certes, tout n'a pas été parfait, loin s'en faut. La marine et le service de réponse aux situations d'urgence n'ont pas lancé une alerte au tsunami qui aurait pu sauver des centaines de vies. Et Mme Bachelet n'a fait appel à l'armée pour maintenir l'ordre public qu'après que des pillages se soient produits.
Reste que certaines initiatives des autorités, comme le fait d'insister pour que l'aide étrangère réponde à des besoins spécifiques, la réparation rapide des routes et le recours à l'armée pour gérer la logistique, ont permis de distribuer 12.000 tonnes d'aide en seulement 10 jours, notent les experts.
Le violent séisme de magnitude 8,8 qui a frappé le centre du pays le 27 février a fait au moins 497 morts et plusieurs centaines de disparus. Malgré les dégâts subis par les hôpitaux, peu de vies supplémentaires ont été perdues depuis la catastrophe.
L'axe routier crucial qui relie le nord au sud du pays a été remis en état au lendemain du séisme avec des plaques de métal pour recouvrir des fissures, du gravier pour combler des affaissements de la chaussée, et par le déblaiement de gravats. Ces interventions ont permis à un convoi humanitaire de 100 poids lourds de faire les huit heures de route entre la capitale Santiago et les villes les plus touchées.
"Nous étions là où nous devions être immédiatement", a affirmé Michelle Bachelet à la télévision. Des décisions ont dû être prises sur la base d'informations incomplètes, a-t-elle précisé: les sismographes ont été mis hors service par une panne de courant et la marine a donné des indications contradictoires sur le tsunami. Le Chili a clairement besoin d'améliorer ses systèmes d'alerte et de communications en cas d'urgence, a estimé la présidente sortante.
Les experts ont toutefois été impressionnés par la réponse des autorités. "Il n'y a rien de plus frustrant que d'envoyer de l'aide quelque part et de ne pas la voir distribuée aux gens qui en ont besoin. Ici, l'aide va directement aux populations", note le colonel Julio Lopez, de l'armée de l'air américaine, dont l'unité a transporté par avion des fournitures et des personnes entre Santiago et Concepcion, la grande ville la plus proche de l'épicentre.
Dix jours après le séisme, plus de 90% des foyers dans la zone touchée disposent de l'électricité et de l'eau courante, tandis que de l'eau est acheminée par camion pour un demi million de rescapés. L'aide alimentaire afflue par les airs, la mer et la route.
Les infrastructures et les bâtiments modernes du Chili, conçus pour résister à un séisme de magnitude 9, sont largement intacts. Et ce, même si le tremblement de terre survenu au large des côtes chiliennes était 500 fois plus puissant que celui du 12 janvier qui a dévasté Haïti, faisant 230.000 morts. "La situation est bien meilleure que ce que l'on craignait initialement", souligne Raul Rivera, président du Forum pour l'innovation, qui promeut le développement économique au Chili.
Après le séisme, le président élu, Sebastian Pinera, investi jeudi dans ses fonctions au moment où une réplique de 7,2 degrés frappait à nouveau le pays, a appelé à l'unité et à la solidarité mais a également sévèrement critiqué la réaction du gouvernement sortant, estimant notamment que l'ordre public aurait dû être "garanti dès le premier jour".
Selon un sondage publié par le quotidien conservateur "El Mercurio", 72% des Chiliens estiment que les autorités ont réagi tardivement et inefficacement pour rétablir l'ordre, et 60% que la distribution de l'aide a été lente et inefficace. L'enquête a été menée auprès de 600 personnes à Santiago et comporte une marge d'erreur de quatre points.
Mais la forte popularité de Michelle Bachelet n'a pas été entamée, montre un autre sondage conduit auprès d'un échantillon plus large, qui la crédite d'un indice de satisfaction de 84%.
Le gouvernement chilien a évité le piège des problèmes de coordination observés après le passage dévastateur de l'ouragan Katrina à La Nouvelle-Orléans en 2005 ou après le récent séisme à Haïti, souligne le colonel Lopez.

"Dans le cas présent, on a vu une réaction efficace et bien exécutée", juge pour sa part Mark Ghilarducci, un expert qui travaillait au bureau de gestion des urgences de la Californie lors du séisme de Loma Prieta, dans la région de San Francisco, en 1989. "J'ai vu d'autres gouvernements prendre beaucoup plus de temps, avec beaucoup moins de coordination." AP