Le général, resté 17 ans au pouvoir après le coup d'État de 1973, fut un symbole de la répression des dictatures militaires d'Amérique latine, avant le retour à la démocratie en 1990. Placé en résidence surveillée, il est décédé chez lui en 2006.
«Les gens sont extrêmement heureux de voir le soutien de l'armée après la crise» provoquée par le séisme, se réjouit le général Bosco Pesse, commandant des opérations d'urgence sur la côte du centre-sud du Chili.
Une foule de sinistrés s'est jetée sur les routes pour acclamer les convois de blindés et de camions remplis de soldats, venus encadrer la distribution de vivres et éviter des débordements.
En tout, deux millions de personnes ont été affectées par la catastrophe.
Retournement de l'histoire: pour venir à leur secours, la présidente Michelle Bachelet, torturée pendant la dictature, a ordonné à 14 000 militaires de sortir des casernes.
Le père de Mme Bachelet, un proche du président Salvador Allende renversé par le coup d'État, est mort en prison. Elle et sa mère ont dû s'exiler à l'étranger pendant des années.
«Nous avons besoin de troupes, maintenant, ou les gens vont faire leur propre loi», martelait avant le déploiement de l'armée Jacqueline Van Rysselberghe, maire de Concepcion, une des villes où les pillages de supermarchés ont été les plus violents.
À Constitucion, sur la côte, des officiers et de jeunes soldats faisant leur service militaire ont montré la même courtoisie que la majorité des Chiliens.
«Les gens souffrent ici, nous le savons et nous en tenons compte», a dit le lieutenant Felipe Montenegro. «Si les gens ne nous font pas confiance, nous ne serons pas capables de faire notre travail correctement».
«Nous travaillons avec les autorités civiles, nous les soutenons, pas plus», rassure-t-il.
«L'armée fait un travail fabuleux», lance un enseignant à la retraite de 69 ans, Osvaldo Fuentes, en retirant un bidon d'eau d'un camion militaire.
«L'ère Pinochet est finie, c'est du passé, estime-t-il, mais une fois que la tragédie s'achèvera, les vieux griefs referont surface». Le régime militaire a fait plus de 3 000 morts ou disparus.
Dans la ville de 60000 habitants, où un tiers a tout perdu, les soldats règlent la circulation, distribuent de la nourriture et de l'eau, surveillent l'entrée de supermarchés et de banques.
Hélicoptères et embarcations militaires apportent des vivres aux villages les plus isolés de la côte.
À cause du séisme de magnitude 8,8 de samedi dernier, des villes du centre-sud du Chili manquent d'eau courante, d'électricité. Les communications sont coupées. Des maisons, ponts et routes ont été endommagés.
À Concepcion (500 km au sud de Santiago), les bâtiments effondrés et la présence de nombreux militaires donnent un aspect de zone de guerre à la ville.
Mais pour les habitants, les soldats sont un réconfort et non une menace.
«Ce sont de jeunes soldats nouveaux, ils n'ont rien à voir avec les années Pinochet», estime Dermis Godoy, 28 ans. Ses amis acquiescent devant un supermarché vidé par les pilleurs.
«Nous n'avons pas peur de l'armée, tant qu'elle respecte la Constitution», ajoute-elle.