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DES PARTISANS DU CANDIDAT À LA PRÉSIDENTIELLE SEBASTIAN PIÑERA BRANDISSENT UN BUSTE DE PINOCHET, À SANTIAGO, LE 17 DÉCEMBRE 2017. PHOTO PABLO VERA |
Dimanche 11 mars, Sebastian Piñera est investi à la présidence que quitte Michelle Bachelet, consacrant pour la deuxième fois l’alternance entre le centre-gauche et la droite.
CONSTITUTION POLITIQUE DE LA RÉPUBLIQUE DU CHILI |
Grand admirateur de Pinochet, l’ancien candidat à la présidence José Antonio Kast a interpellé le futur président sur les réseaux sociaux, demandant à M. Piñera de « retirer dès lundi matin un projet mal fait et envoyé au Congrès au dernier moment ». M. Kast avait créé la surprise au premier tour de la présidentielle, en novembre 2017, en remportant 7,8 % des suffrages. Le sénateur Juan Antonio Coloma a qualifié le projet d’« absurde ». Le parti des deux hommes, l’Union démocratique indépendante (UDI, droite), fait partie de la nouvelle coalition gouvernementale. Ni M. Piñera ni ses futurs ministres n’ont fait de commentaires.
« Héritage républicain »
En fait, le changement de la Constitution, imposée en 1980 par la dictature militaire pour remplacer celle de 1833, a toujours été l’une des grandes promesses de Mme Bachelet, maintes fois repoussée. « Il ne s’agit pas de partir de zéro, mais de recueillir notre héritage républicain et de le perfectionner » en fonction « des changements politiques, sociaux et culturels » qui se sont produits au Chili ces dernières années, justifie le projet.
Les droits fondamentaux que souhaite garantir la présidente sortante sont « la dignité, la liberté, l’égalité, la solidarité et le respect des droits fondamentaux de l’homme ». Le texte garantit certains droits comme l’accès à la santé, l’éducation, la non-discrimination, l’égalité salariale entre les femmes et les hommes et la reconnaissance constitutionnelle des peuples indigènes, qui pourraient ainsi être représentés au Parlement. Le mandat présidentiel serait étendu de quatre à six ans mais sans possibilité de réélection, comme cela est actuellement le cas.
Malgré une trentaine de modifications effectuées depuis le retour de la démocratie, notamment sous la présidence du socialiste Ricardo Lagos (2000-2006), l’actuelle Constitution maintient les grands principes imposés par le régime militaire. Selon divers sondages, près de 70 % des Chiliens la considèrent « illégitime » et souhaitent son remplacement. Depuis 2016, Mme Bachelet a favorisé une participation citoyenne avec la tenue d’assemblées dans tout le pays, qui avaient attiré moins de participants que prévu.
Mécanisme
Le projet signé le 6 mars devra être examiné par le nouveau Congrès, élu lors des élections générales de novembre 2017. Un nouveau groupe parlementaire y siège désormais : le Frente Amplio (Front élargi), une coalition de la gauche radicale, arrivée en troisième position au premier tour de la présidentielle avec plus de 20 % des voix, qui est parvenue à élire vingt députés et un sénateur. Cette gauche de la gauche est représentée au Congrès à la suite d’une réforme du système électoral, adoptée sous la présidence Bachelet, qui a remplacé le système binominal hérité de la dictature par un scrutin à la proportionnelle plus favorable aux petits partis.
Le chemin vers une nouvelle Constitution s’annonce long et semé d’embûches. Au Congrès, aucune formation ne détient la majorité nécessaire. Les parlementaires devront décider, à la majorité qualifiée des trois cinquièmes, d’un mécanisme permettant l’adoption d’une nouvelle Constitution – commission bicamérale, commission mixte de parlementaires et de citoyens, Assemblée constituante ou plébiscite ? Dans les trois premiers cas, un référendum devra de toute façon sanctionner la fin du processus.