Face à lui, un gamin hilare tend les bras et fait mine de vouloir l’aider. Après un peu d’exercice avec l’altère poids plume, Rolly la tend au gamin, qui à son tour joue les faux durs. Et rigole en se dirigeant vers la tente de ses parents…
Alors que les nouvelles des opérations de forage sont bonnes et que les 33 mineurs bloqués sous terre pourraient revoir le jour à partir du 11 octobre, le moral est revenu dans le camp improvisé Esperanza.
Mais l’angoisse ne sera dissipée que quand tout le monde sera rentré à la maison. Après deux mois particulièrement pénibles pour les femmes des nouveaux héros du Chili, mais aussi pour leurs fils et leurs filles, leurs neveux et leurs nièces.
"On s’occupe des parents. Mais pas beaucoup des enfants"
Depuis près d’un mois, pour penser à autre chose, les enfants du camp – ils sont une quinzaine – ont un nouvel ami : mi-septembre, Rolando Gonzalez, le conducteur d’autobus, a mis dans une valise ses nez rouges, ses grosses chaussures bleues, son large pantalon à carreaux et sa casquette colorée et a quitté Iquique, une ville côtière tout au nord du Chili. Une quinzaine d’heures de bus plus tard, il arrivait à Copiapo, puis à la mine.
« Mon métier, c’est de transporter les gens qui vont travailler à la mine, à Calama, dans le nord, mais quand je peux, je fais aussi le clown, raconte-t-il en souriant sous sa perruque jaune. Je sais qu’en général, quand il y a une catastrophe de ce genre, on s’occupe des parents. Mais pas beaucoup des enfants. Je le sais car en début d’année, je suis allé dans le sud, après le tremblement de terre de février. J’ai vu comment se passaient les choses. Alors quand j’ai entendu ce qui était arrivé à la mine San José, et que j’ai vu que les gens dormaient dans ce camp, je me suis dit que je devais repartir, pour aider. »
Il est installé au milieu des familles
Rolly a donc installé sa tente au milieu de celles de familles, le long de la route qui monte en serpentant vers l’entrée de la mine. Il a passé sur son maillot orange une veste aux couleurs du drapeau chilien, et a fait coudre dans le dos la phrase qui a rendu l’espoir à toutes les familles – « nous allons tous bien dans le refuge, les 33 » – écrite sur un bout de papier quand le contact a été renoué, en août, avec les mineurs bloqués sous terre.
Toute la journée, il distribue ses ballons, fait ses numéros, organise des jeux. Le soir, quand il commence à faire froid dans le désert de l’Atacama, il allume un feu, et réunit enfants et parents. De 8 heures à 20 heures, il est le clown d’Esperanza.
Rendre le sourire aux mineurs des mineurs
Aux enfants, Rolly permet d’évacuer un peu le stress – « je ne leur parle jamais de ce qui se passe en dessous », dit-il – aux parents, de souffler un peu. Et alors qu’il ne devait rester qu’une ou deux semaines, les grands et les petits n’ont pas laissé partir leur clown. Et si ses ballons montent en l’air, quand ils échappent des mains des enfants, ils sont pourtant parvenus jusqu’aux 33.
La preuve ? Les prisonniers du sous-sol ont fait parvenir des lettres à Rolly, pour le remercier de rendre le sourire aux mineurs des mineurs. Le clown n’est pas peu fier quand il exhibe le drapeau chilien qu’ils lui ont fait parvenir après l’avoir signé, un par un.
Avant le grand final de leur évacuation, il prépare une dernière fête. Samedi 9 octobre, Rolly le clown aura 30 ans. Les préparatifs sont encore confidentiels, mais une chose est sûre : il y aura beaucoup de ballons et d’enfants.
Gilles BIASSETTE , à Copiapo (Chili)
Alors que les nouvelles des opérations de forage sont bonnes et que les 33 mineurs bloqués sous terre pourraient revoir le jour à partir du 11 octobre, le moral est revenu dans le camp improvisé Esperanza.
Mais l’angoisse ne sera dissipée que quand tout le monde sera rentré à la maison. Après deux mois particulièrement pénibles pour les femmes des nouveaux héros du Chili, mais aussi pour leurs fils et leurs filles, leurs neveux et leurs nièces.
"On s’occupe des parents. Mais pas beaucoup des enfants"
Depuis près d’un mois, pour penser à autre chose, les enfants du camp – ils sont une quinzaine – ont un nouvel ami : mi-septembre, Rolando Gonzalez, le conducteur d’autobus, a mis dans une valise ses nez rouges, ses grosses chaussures bleues, son large pantalon à carreaux et sa casquette colorée et a quitté Iquique, une ville côtière tout au nord du Chili. Une quinzaine d’heures de bus plus tard, il arrivait à Copiapo, puis à la mine.
« Mon métier, c’est de transporter les gens qui vont travailler à la mine, à Calama, dans le nord, mais quand je peux, je fais aussi le clown, raconte-t-il en souriant sous sa perruque jaune. Je sais qu’en général, quand il y a une catastrophe de ce genre, on s’occupe des parents. Mais pas beaucoup des enfants. Je le sais car en début d’année, je suis allé dans le sud, après le tremblement de terre de février. J’ai vu comment se passaient les choses. Alors quand j’ai entendu ce qui était arrivé à la mine San José, et que j’ai vu que les gens dormaient dans ce camp, je me suis dit que je devais repartir, pour aider. »
Il est installé au milieu des familles
Rolly a donc installé sa tente au milieu de celles de familles, le long de la route qui monte en serpentant vers l’entrée de la mine. Il a passé sur son maillot orange une veste aux couleurs du drapeau chilien, et a fait coudre dans le dos la phrase qui a rendu l’espoir à toutes les familles – « nous allons tous bien dans le refuge, les 33 » – écrite sur un bout de papier quand le contact a été renoué, en août, avec les mineurs bloqués sous terre.
Toute la journée, il distribue ses ballons, fait ses numéros, organise des jeux. Le soir, quand il commence à faire froid dans le désert de l’Atacama, il allume un feu, et réunit enfants et parents. De 8 heures à 20 heures, il est le clown d’Esperanza.
Rendre le sourire aux mineurs des mineurs
Aux enfants, Rolly permet d’évacuer un peu le stress – « je ne leur parle jamais de ce qui se passe en dessous », dit-il – aux parents, de souffler un peu. Et alors qu’il ne devait rester qu’une ou deux semaines, les grands et les petits n’ont pas laissé partir leur clown. Et si ses ballons montent en l’air, quand ils échappent des mains des enfants, ils sont pourtant parvenus jusqu’aux 33.
La preuve ? Les prisonniers du sous-sol ont fait parvenir des lettres à Rolly, pour le remercier de rendre le sourire aux mineurs des mineurs. Le clown n’est pas peu fier quand il exhibe le drapeau chilien qu’ils lui ont fait parvenir après l’avoir signé, un par un.
Avant le grand final de leur évacuation, il prépare une dernière fête. Samedi 9 octobre, Rolly le clown aura 30 ans. Les préparatifs sont encore confidentiels, mais une chose est sûre : il y aura beaucoup de ballons et d’enfants.
Gilles BIASSETTE , à Copiapo (Chili)