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jeudi 7 octobre 2010

MARIO VARGAS LLOSA, NOBEL DE LITTÉRATURE 2010

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Mario Vargas Llosa, à la sortie du café parisien Les Deux Magots du quartier de Saint-Germain-des-Prés, dans le 6e arrondissement. Photo AVELINO ESTEVE


Vargas Llosa est un "auteur engagé dans la société". "Il considère qu'un auteur ne doit pas simplement distraire", a commenté le secrétaire de l'Académie suédoise Peter Englund. L'oeuvre de Vargas Llosa, forte d'une trentaine d'ouvrages (essais, romans, nouvelles, théâtre) est traduite dans le monde entier et en faisait un candidat pressenti pour le Nobel depuis des années. Son nouveau roman, Le Rêve du Celte, consacré au diplomate britannique Roger Casement qui dénonça les atrocités commises dans le Congo de Léopold II, doit sortir le 3 novembre en Espagne, en Amérique latine et dans le marché espagnol des États-Unis.

"C'est un conteur qui a développé l'art de raconter d'une façon fantastique", a commenté le secrétaire de l'Académie suédoise, Peter Englund, après avoir annoncé le prix. "On peut voir dans sa production que c'est un homme passionné. Et il a eu une réaction d'homme passionné, il était très, très heureux et très ému", a ajouté Peter Englund, qui venait de le contacter par téléphone. "En ce moment, il se trouve à New York, où il était 6 h 45 lorsque je l'ai appelé, et il était déjà levé. Il s'est réveillé très tôt ce matin, vers cinq heures, pour préparer un cours. Il enseigne à l'université de Princeton", a poursuivi Peter Englund.

"Une reconnaissance de la littérature latino-américaine"

Mario Vargas Llosa a déclaré, pour sa part, qu'il s'agissait d'une "reconnaissance de la littérature latino-américaine et en langue espagnole", dans une déclaration à la radio colombienne RCN. L'écrivain a prévu une conférence de presse à l'Institut Cervantès, à New York, dans la journée, mais, déjà, la porte-parole de son agent a réagi à la Foire du livre de Francfort. "C'est une joie immense. C'est complètement inattendu, mais aussi mérité. Nous ne pensions pas qu'il l'aurait", a dit Gloria Gutiérrez. Après le Mexicain Octavio Paz il y a 20 ans, le Colombien Gabriel García Márquez (1982), le Chilien Pablo Neruda (1971) et le Guatémaltèque Miguel Angel Asturias, Vargas LLosa est le dernier Prix Nobel de littérature issu d'une prestigieuse lignée d'auteurs latino-américains récompensés par l'Académie suédoise.

Depuis La Ville et les Chiens, son premier roman, il s'est affirmé comme l'un des maîtres de la littérature d'Amérique latine. Oeuvre multiple où les romans politiquement engagés et les fresques de sa première période (La Maison verte, Conversations à la cathédrale, La Guerre de la fin du monde) ont cédé la place à des ouvrages plus intimistes comme La Tante Julia ou Éloge de la marâtre, matrice de ce nouveau roman. Où les essais littéraires (L'Orgie perpétuelle, consacré à Flaubert) alternent avec des mémoires (Contre vents et marées, Le Poisson dans l'eau). Où la recherche d'une voie politique pour l'Amérique latine (Les Enjeux de la liberté) s'accompagne de retours à la pure fiction ou à une vision métaphorique de son pays (Lituma dans les Andes).

Candidat malheureux à la présidence de son pays en 1990, Vargas Llosa, lauréat du prix Cervantès en 1994 et académicien espagnol, a acquis la nationalité espagnole en 1993.