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Et si les protestataires ne cassent pas de vitres ou n’installent pas des tentes en centre ville, ils veulent que les restes d’un mauvais passé soient effacés à jamais, en refondant tout l’enseignement supérieur, toujours pensé, administré, selon les préceptes ultra libéraux des Pinochet boys au temps de la dictature des années 70/80. Les universités chiliennes fonctionnent sous un régime de droit privé, comme des entreprises, et les bourses sont réduites à presque rien depuis que les militaires avaient renversé Salvador Allende un certain 11 septembre 1973. La plupart des parents s’endettent pour de longues périodes, parfois jusqu’à 15 ans afin de financer les études de leurs enfants. « L’université de la rue » s’enthousiasme Pagina 12. Mais le quotidien de gauche argentin s’inquiète des dérives de la répression contre les manifestants. Des policiers infiltrés se seraient glissés dans les rangs des marcheurs et auraient orchestré les provocations – incendies de voitures, vandalisme de toute sorte -, afin de discréditer le mouvement.
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Ce qui est en jeu n’est rien de moins qu’une réforme constitutionnelle comme le remarque le mexicain La Jornada. Les jeunes veulent que la notion de service public pour l’enseignement supérieur soit désormais inscrite dans les textes fondateurs de la république chilienne.
Le texte date de 1980, et il est incompréhensible que même l’ancienne présidente sociale-démocrate Michelle Bachelet, pédiatre et mère, n’ait pas envisagé de le repenser.
On peut aussi noter avec deux Unes chiliennes côté à côte et du même jour à quel point le journalisme n'est pas une science exacte : "Une marche de 70 000 personnes marquée par des émeutes estudiantines" annonce la Tercera, tandis que El Mercurio en a compté "plus de 140 000" mais insiste aussi sur les actes de vandalisme. « Court camarade, le vieux monde est derrière toi. » scandaient les jeunes Parisiens qui lançaient des pavés en mai 1968.