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LA BRUTALE REPRESSION POLICIERE CONTRE LES JEUNES AU CHILI A ETE EPINGLEE PAR LA COMISSION INTER-AMERICAINE DES DROITS DE L'HOMME. |
LA CIDH CONDAMNE LES VIOLENCES POLICIÈRES
«Les étudiants et les professeurs ont voulu une nouvelle fois organiser une manifestation. Le gouvernement leur a donné l'autorisation. Mais, ce qui s'est passé a montré encore une fois qu'ils sont malheureusement incapables de contrôler les protestations», a déclaré le ministre de l'Intérieur Rodrigo Hinzpeter. Jusque-là, les rassemblements avaient en effet été interdits par les autorités. Jeudi derniers, des centaines d'étudiants ont occupé les locaux de la chaîne de télévision Chilevision, anciennement contrôlée par le chef de l'Etat, Sebastián Piñera. «Nous voulons une réforme pour que l'éducation puisse être accessible à tous», avait déclaré à Reuters Matias Moreno, un étudiant de 17 ans. Mais la manifestation a viré à l'affrontement avec les forces de l’ordre, et près de 900 personnes ont été arrêtés. «Ce n'est pas en lançant des cocktails Molotov, en brûlant des poubelles, en paralysant la circulation que l'on va arriver à améliorer le système éducatif», avait sermonné Rodrigo Ubilla.
Samedi, après une manifestation similaire, la Commission interaméricaine des droits de l'homme (CIDH) avait critiqué des violences policières présumées. Dans un communiqué, la CIDH, basée à Washington, a condamné «les graves faits de violence qui ont eu lieu lors des manifestations estudiantines» et déploré que les policiers aient «frappé des manifestants» pour disperser les rassemblements. Elle rappelait que le droit d'association, de manifestation et la liberté d'expression sont des droits fondamentaux garantis par la Convention américaine des droits de l'Homme. C’est d’ailleurs pour protester contre ces présumées violences qu’une nouvelle journée de manifestations a été organisée hier. «La dictature a pris fin il y a vingt ans», a souligné la dirigeante du mouvement étudiant Camila Vallejo, citée par RFI.
Dès le mois de mai, Sebastián Piñera, président depuis mars 2010, a tenté d'apaiser la colère du monde étudiant, en déclarant lors de son discours annuel au Congrès: «La classe moyenne est le pilier et la colonne vertébrale de notre société. Nous sommes préoccupés par elle, par l’éducation de ses enfants. Pour cette raison, nous sommes en train d’étendre la subvention scolaire à la classe moyenne, d’attribuer plus de bourses et de d’abaisser le coût des crédits.» Mais ces annonces n’ont pas satisfait la population ; les manifestations se sont multipliées. Le 6 juin, une journée spéciale appelée «Baisers pour une meilleure éducation» a été organisée à Santiago. Dix jours plus tard, les lycéens et les mineurs du cuivre, des entreprises de sous-traitance, se sont même associés pour un grand mouvement de contestation à Santiago. Fin juillet-début août, les salariés de la mine Escondia ont fait grève durant deux semaines pour obtenir une prime de production annuelle de 7 500 euros net par travailleur, car malgré la hausse du prix du cuivre et les 3,5 milliards d’euros de bénéfices réalisés l’an dernier par l’entreprise, elle a baissé leur prime de production. Ils ont finalement obtenu la moitié. Le mois dernier, un fonds de quatre milliards de dollars a été créé pour l'éducation, et plusieurs mesures annoncées, dont l'une prévoyait de faire de l'éducation un droit garanti par la constitution. Ces propositions ont encore été jugées insuffisantes.
En octobre dernier, la popularité de Sebastián Piñera était montée en flèche après le sauvetage des 33 mineurs piégés sous terre durant 69 jours. Mais après 15 mois au pouvoir, sa cote a atteint un plus bas historique depuis la fin de la dictature: seuls 26% de ses citoyens se disent satisfaits de son bilan. Alors que l'économie du pays est florissante, notamment grâce au cours particulièrement haut du cuivre, avec une croissance entre 6% et 7% attendue en 2011, de nombreux habitants du pays se sentent oubliés. «Le problème de ce pays est que la richesse est trop concentrée (...). Les pauvres ne peuvent pas gravir les échelons de la société», a ainsi déploré Oscar Escobar Bravo, âgé de 17 ans. Le successeur de Michelle Bachelet, âgé de 61 ans, a pour sa part bâti sa fortune dans le transport aérien –il est millionnaire.
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