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mardi 9 août 2011

CHILI : PROJET DE LOI POUR LA RECONNAISSANCE CIVILE DES COUPLES HOMOSEXUELS

DURANT LA CAMPAGNE ÉLECTORALE, MIGUEL JUAN SEBASTIÁN PIÑERA ECHENIQUE A MULTIPLIÉ LES CONTACTS AVEC LES ASSOCIATIONS HOMOSEXUELLES. AFFICHE DE CAMPAGNE ELECTORALE
Le président de droite Sebastian Piñera a annoncé mardi avoir signé le projet de loi, qui comprend une série de mesures d'aides à la famille, en plaidant qu'"il n'y a pas une seule forme de famille, mais il en existe plusieurs expressions" et que "toutes formes méritent le respect, la dignité et le soutien de l'Etat".
"Ce projet de loi traite sur un pied d'égalité les couples de sexe différent et du même sexe, car dans les deux cas il est possible de développer l'amour, l'affection et le respect", a annoncé le chef de l'Etat en présentant à la presse le projet de loi sur l'"AVC", l'Accord sur la vie en commun.
Piñera, qui a ramené la droite au pouvoir en 2010 après 20 ans de centre-gauche, avait fait grincer dans son propre camp en pleine campagne électorale, en annonçant son intention de légaliser une forme d'union civile, qui couvrirait aussi les couples homosexuels, arguant que deux millions de personnes au Chili vivent en couple sans être mariés.
En revanche, le président s'est dit à plusieurs reprises opposé au mariage homosexuel, et l'a réaffirmé mardi.
"Ma conviction profonde m'amène à soutenir que le mariage est par nature entre un homme et une femme, mais cette conviction ne m'empêche pas de reconnaître qu'il existe d'autres formes de relations affectives", a-t-il dit.
Un peu sur le mode du "Pacs" français, l'"AVC" chilien, qui serait souscrit auprès d'un notaire ou d'un registre civil, permettrait notamment aux membres de ces couples d'hériter et de bénéficier d'une couverture sociale.
Son adoption marquerait une avancée notable pour les droits homosexuels en Amérique latine, région la plus catholique du monde, où peu de pays reconnaissent les unions civiles, comme l'Uruguay, la Colombie, et encore moins le mariage civil homosexuel, comme l'Argentine depuis 2010.
Elle serait surtout un virage notable au Chili, pays catholique à 80%, sous forte influence de l'Eglise: le divorce, par exemple, n'y est légal que depuis 2004.
Mais, présage des débats à venir au Chili, la présentation du projet de loi par Piñera mardi a été boycottée par les leaders des deux partis de la majorité, Carlos Larrain, de Rénovation Nationale (droite) et Juan Antonio Colona, de la très conservatrice UDI.
Un député de l'UDI, Gonzalo Arenas, cité sur Radio Cooperativa, a fustigé un gouvernement "capable de vendre sa mère pour remonter dans les sondages". "Le président n'écoute même pas les membres de ses partis alliés, mais écoute les étudiants", a-t-il déploré.
L'annonce de Piñera, simple suivi d'une promesse de campagne, intervient au moment où il bat des records d'impopularité pour un chef de l'Etat depuis le retour de la démocratie en 1990 (26% d'opinions favorables), et semble en particulier coupé de la jeunesse, avec une série de manifestations étudiantes de masse depuis trois mois.