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vendredi 5 mars 2010

SÉISMES AU CHILI



C'est toutefois une autre forme de violence qui a rendu le pays célèbre. Celle que Pinochet déclencha un certain 11 septembre. Établir un parallèle entre ces deux formes de violence n'est pas gratuit, chaque Chilien le sait ou le pressent. Les avions que le 11 septembre ont fait trembler la ville de Santiago et exploser le Palais présidentiel ont très vite annoncé la conception sismique que Pinochet se faisait du pouvoir. Une sorte de stupeur a saisi le peuple chilien. Les habitants de New York ont connu un ahurissement semblable. Hasard du calendrier.

La terreur policière et la violence sismique bouleversent le lien social de la même manière. Parents, proches, amis, le groupe est nul, la solidarité impossible, l’aide inutile, chacun est seul face à un pouvoir aveugle. La police imite la nature dans sa gestion du désastre. Dans les deux cas, la violence est d’autant plus redoutable que les lois qui la régissent restent opaques. Quand ? Qui ? Pourquoi ? Personne n'en sait rien. Le pouvoir est arbitraire. Il peut s'exercer à l'improviste au milieu de la nuit, vous cueillir dans l'endroit le plus secret, personne n'est à l'abri, son onde de choc traverse les frontières. Les femmes et les hommes qui ont osé le braver finissent soit broyés soit rejetés de l’autre côté de l’océan. Cette terreur aveugle génère à la longue une forme de fatalisme qui conduit à la docilité. On ne se bat pas contre la nature, on la respecte.

La mise en scène d'un pouvoir terrassant a frappé les esprits dès les premières heures du putsch. Le bombardement du Palais de la Moneda n'avait pas d'autre but, frapper le sommet de l'état dans la personne d’Allende, mais surtout faire trembler la terre, les vitres, les maisons et réactiver la mémoire traumatique des tremblements de terre. C’est toujours par le sol que la peur arrive aux Chiliens. Le séisme aura duré dix-sept ans.